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L'autre péché qu'on n'a pas commis mais dont on purge la peine.

22 novembre 2019

 Il y a quelques semaines, lors d’une discussion avec mon équipe sur le prochain projet de Open Conscience, Jonathan Omoba, notre Marketing Manager a dit ceci: “ Dans notre pays, être jeune est un péché…”. Il a continué à développer ses arguments mais moi j’ai effectué un voyage dans le passé, un passé qui illustre et confirme sans ambages cette affirmation triste mais réelle qui a fait partie de mon quotidien. Très tôt, j’ai commencé à côtoyer des milieux « interdits » aux jeunes et à me retrouver dans des postures qui dans notre contexte culturel ne sont réservées qu’aux élites. Vous n’allez pas me croire mais être dans la vingtaine est la chose la plus stupide que vous puissiez dire à des personnes qui, dans une certaine position pensent que les avantages du monde entier doivent se résumer à leur cercle. Des centaines de personnes ont complimenté et adorent ma plume et à cet effet, j’ai souvent été invitée à plusieurs événements pour faire du slam. Certains viennent vers vous avec des intentions complètement pathétiques. Ils veulent que vous adaptiez votre texte à la thématique de leur événement, ils veulent que vous soyez à l’heure, ils veulent que vous fassiez rêver leur public mais ils ne sont pas en mesure de payer le prix pour votre service parce qu’ils estiment que vous êtes trop jeune, donc vous n’avez pas de charges. J’ai même l’impression que les gens se disent que nous allons dans une forêt demander à un génie de nous donner un texte qu’il a déjà écrit et une potion magique pour la gestion scénique. Je ne sais plus combien de fois j’ai eu envie de lancer: “ Écoutez, Monsieur /Madame, je ne suis pas oisive” mais à chaque fois, j’ai consulté mon mentor qui a tellement lu la Bible et qui finit toujours par me dire: “ Précieuse, considère ça comme un service. Dis-leur oui.” Je garde le souvenir d’une performance pour laquelle on m’a fait parvenir le chronogramme de l’événement et donc j’avais une idée de l’heure à laquelle je passais. Je savais qu’à 20h30 au plus, je ne serai plus dans cette salle parce que j’avais un dîner avec des amis mais on a modifié l’heure de mon passage sans m’informer et pire sans s’excuser. J’ai subi parce que ces personnes étaient envoyées par une personne que je respecte énormément. Ils se disent qu’on est jeune et qu’on a toute la vie devant nous donc on peut attendre. C’est tellement nul. Après ma prestation, je suis sortie le sourire aux lèvres de cette salle parce que je venais d’apprendre de cette expérience et j’ai écrit quelque part dans mon coeur que c’est la dernière fois que je collabore avec cette organisation. Je suis la benjamine de ma famille mais chez moi, l’âge n’a jamais été un facteur de discrimination. On m’a appris le respect des engagements et de la parole donnée vis-à-vis de tout le monde. Je garde d’autre part le souvenir de ce stupide après-midi où on m’a rappelé que je commets un péché en ayant pas encore les cheveux blancs, une voix à maman et quelques rides dans le visage. Une semaine avant ce après-midi, j’avais reçu un appel où on m’invitait pour faire partie d’un panel de discussion. J’allais mal, j’étais malade mais étant rassurée que j’irai mieux et ayant un profond respect pour la personne à l’autre bout du téléphone, j’ai répondu oui. Je m’étais déplacée pour aller chercher le document sur lequel je devrais travailler. J’avais passé des jours à me concentrer dessus pour convenablement répondre aux attentes, je me rends à l’événement le jour en question et je réalise que mon nom avait été remplacé par un autre nom « plus mature que le mien ». Je m’étais rapprochée des organisateurs pour savoir ce qui se passait et tout ce qu’on a trouvé de potable à me dire, c’était: « Vous ne pourrez plus passer, nous vous présentons toutes nos excuses. » Encore une fois, je ne suis ni à la quête d’un nom ni à la quête d’occasions de bavardage mais je m’étais sentie cet après-midi blessée dans mon amour-propre. Je m’étais calmée, j’ai pris siège et j’ai pensé à toutes les personnes qui cherchent à me voir depuis des années et pour qui je pouvais consacrer ce créneau, j’ai pensé à toutes ces heures que j’ai passé sans parler à ma mère parce que je m’étais enfermée pour me concentrer sur ce travail, j’ai pensé au gaspillage que je venais de faire pour le compte des déplacements. Je me disais: “C’est la dernière fois que ça se passera” quand on est venu me faire appel pour me demander si je voudrais bien rejoindre le panel parce que la personne qui me remplaçait était finalement absente. Ce jour, à la fin, je me suis offerte une bonne coupe de glace pour saluer ma maîtrise de soi et ma grandeur d’esprit. Voilà autant de choses auxquelles nous sommes confrontés parce que nous sommes jeunes. Parfois, on a envie de tout lâcher mais finalement, on se rappelle qu’on n’a demandé la permission à personne pour commencer. Après des expériences aussi nulles, j’ai pris la ferme résolution de ne plus collaborer avec qui veut ou avec qui mon mentor veut mais seulement avec qui je veux. J’ai dit oui à beaucoup de choses futiles mais ça, c’était avant. Toutes ces expériences m’ont forgée. Aujourd’hui, je sais dire non sans hésiter. Et quand un oui est couronnée finalement par une mauvaise expérience, je sais aussi blacklister. Que cela plaise à mon interlocuteur ou pas, le plus important est que cela me plaise. Nous n’avons pas besoin d’être partout. Nous avons juste besoin d’être où on doit être et je suis convaincue que je suis où je dois être désormais. Ce matin, je me suis réveillée débordante d’énergie et je suis heureuse de vous annoncer qu’après le “Précieuse MeetUp 0” qui a eut lieu en Septembre à EtriLabs autour du Mandela Washington Fellowship et qui a accueilli une cinquantaine de jeunes compatriotes, je suis en plein préparatifs du “Précieuse MeetUp 1”. Ce sera une autre occasion de: - Passer du virtuel au réel, - Mieux se connaitre, - Discussion, - Networking, - Faire des jeux ( Tous ceux qui sont venus à mes rencontres savent qu’on ne part pas sans ça), - Goûter à des saveurs dont je garde le secret pour le moment. Si vous avez envie de participer, vous pouvez déjà vous inscrire ici: http://bit.do/PrecieuseMeetup1 De toutes les façons, moi je serai très heureuse de partager ce moment avec cette génération qui fait la différence. __________ Signé, Précieuse Nadie Semanou.
Publié sur mon Facebook le 05.11.18, 09:15. 

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