Les gens
22 novembre 2019
J’ai grandi en me souciant plus pour ce que ressentent les gens que pour ce que je ressens. Je voulais vivre pour plaire aux gens parce que depuis toute petite, “les gens” ont plus fait partie de mon quotidien que moi-même. On m’a appris à me soucier de ce que les gens pensent. On m’a appris à agir pour éviter que les gens disent. On m’a appris à valoriser les gens. Les gens ont trouvé que je parlais trop lentement. J’ai essayé de parler plus rapidement mais c’était vraiment inconfortable pour moi donc ça n’a pas duré. Les gens ont trouvé que je n’étais pas assez sociable. J’ai essayé de me faire des amis mais on a raconté mes confidences à des personnes qui ne sont pas censées les connaitre. Les gens ont trouvé que je devrais être plus accessible. Je l’ai fait et des personnes mal-intentionnées ce sont incrusté dans mon quotidien. Finalement, à quoi ça sert de vivre pour les gens? Le 2 septembre passé, c’était le jour de mon anniversaire. J’étais loin de ma famille, de mes futurs enfants, de mes amis mais j’ai reçu de l’attention de personnes que je venais à peine de connaître. Pamela Akplogan m’a fait un gros câlin à mon réveil, Justino Hermann Raharizoandrinirina a ramené une pizza et du gâteau pour moi. À trois, on a passé la soirée à la piscine et c’est là que cette photo a été prise. Depuis ce temps, je voulais la partager mais je me suis retenue à chaque fois parce que je me disais que “les gens” vont mal l’interpréter. Elle est restée dans mon ordinateur et à chaque fois que je la retrouvais, je trouvais que c’est ma plus belle photo. J’ai réalisé que ces barrières qu’on se met ne sont que des voiles pour notre personnalité, des éteignoirs. Nous avons des codes qui nous dictent qui nous devons être sans se soucier de ce qui nous rend heureux. Et vous savez quoi? “Les gens” se foutent fichtrement de votre épanouissement. La vie m’a appris l’humilité, le respect des autres, la compassion, mais elle m’a aussi appris que je ne suis pas un robot. J’ai le droit de crier mon bonheur dans la rue et j’ai le droit de pleurer. J’ai le droit de réussir et j’ai le droit d’échouer. J’ai le droit d’être une boss lady et j’ai le droit de porter un maillot à la piscine. Quand j’étais aux États-Unis, je voulais faire un tatouage et j’avais partagé mon intention avec des proches. Sur 5, 4 personnes avaient trouvé que ça ne convenait pas à ma personnalité. Quand certains essayaient de m’en dissuader, d’autres me proposaient de le faire à un endroit caché de mon corps. Pourquoi? Parce que la société n’aime pas. Je ne voulais pas faire un tatouage parce que tout le monde le fait. Je voulais le faire pour des raisons bien plus profondes. Pour moi, ce serait comme un rappel quotidien d’une promesse personnelle. Alors, pourquoi je devrais avoir peur que les gens le voient? Si je le fais quand même et que je le cache, ce serait une hypocrisie pure et simple. Finalement, je ne l’ai pas fait juste parce que j’ai été indisposée les derniers jours et Toya Watts m’a avoué que ça faisait super mal. Bref, je le ferai sans doute une jour si je continue de sentir le besoin d’en avoir. Les gens trouvent que vous maquillez trop mais ils ne veulent pas savoir si c’est pour dissimuler des cicatrices. Les gens trouvent que vous sortez trop mais ils ne veulent pas savoir si vous traversez des tensions chez vous. Les gens trouvent que vous avez trop peur mais ils ne veulent pas savoir si vous avez été victime d’une agression. Les gens vous jugent mais ils ne veulent simplement pas écouter votre histoire. On m’a demandé pourquoi je voulais partager cette photo et je n’avais pas de réponse. Aujourd’hui, je sais que je la partage pour m’assurer que ce que pensent les gens de mes choix ne me préoccupe plus. Ce qui compte le plus pour moi, c’est ce que je ressens. Facebook n’arrête pas d’être une des plateformes du futur parce que Mark Zuckerberg porte toujours des baskets de running, un jean et un tee-shirt gris. Je n’arrêterai pas d’utiliser les produits Apple parce que Steve Jobs avait des défauts. Bonne méditation. __________ Signé, Précieuse Nadie Semanou. Publié sur mon Facebook le 12.11.18, 09:38.
Partager :